LA CLEF DE LA PRESIDENTIELLE/
PAR MAMADOU SY ALBERT/
Les cinq candidats- Présidents ont fait le tour du Sénégal. Chacun ayant en bandoulière son ambition pour le pays, ses moyens humains et financiers, son sens de la communication électorale. Durant trois semaines pleines, ils ont été à la rencontre des électeurs. Ils ont fait passer leurs messages. La grosse équation des urnes est le dernier palier à franchir pour gagner au premier ou au second tour, demain, 24 février. L’électeur potentiel et le votant de ce dimanche historique sont désormais les deux variables de l’énigme de l’après campagne.
Les candidats ont rempli démocratiquement le contrat moral les liant avec le peuple, le seul souverain. Tout au long de la campagne électorale, ils ont décliné les grandes orientations de leurs programmes électoraux sous des prismes et des contours variant en fonction de leur propre stratégie, des potentialités des régions et des départements, mais également des attentes des populations.
Ils ont distillé l’essentiel des messages politiques, des objectifs à court, moyen et long termes de leurs projets de société et les mécanismes de réalisation de leur ambition, de leur rêve. Le Sénégal d’aujourd’hui a été passé au peigne fin. Le Sénégal de demain se profile à l’horizon des prochaines années et décennies.
Cet effort personnel et collectif des équipes de campagne, des coalitions et des mouvements de soutiens devra attendre le jour fatidique du verdict sans appel des urnes. Les électeurs ont désormais, comme toujours en pareille circonstance, le dernier mot. C’est à eux et à eux seuls qu’il revient, le droit et le pouvoir légitime de décider l’issue de l’élection présidentielle ; librement par le vote, dans la transparence et le respect de la loi électorale. Une équation à résoudre. Elle a deux variables.
La première variable est l’électeur, roi d’un jour. Ils sont plus de six millions d’électeurs inscrits sur les listes électorales. Ils sont de tous les âges et de tous les sexes. Ils sont dans les quatorze régions et à l’étranger. Certains ont pris l’habitude de voter. D’autres voteront pour la première fois de leur vie. Ces électeurs, anciens et nouveaux, vont-ils se rendre massivement dans les centres de vote ? Les candidats espèrent que les citoyens se mobiliseront à l’échelle du Sénégal et à l’étranger pour les départager. En tout cas, les électeurs ont promis de voter en échange des promesses déclinées et des espérances suscitées par les candidats- Présidents.
L’exercice du vote citoyen n’est point simple. Il est tout sauf automatique. Si le réflexe d’aller voter est de l’ordre normal et naturel dans une démocratie majeure pour certains habitués et passionnés des joutes électorales, il n’est point certain que ce geste citoyen soit aussi simple pour certains autres inscrits sur les listes électorales. Les raisons de ne pas remplir son devoir citoyen obéissent presque toujours à la logique classique de l’abstention. On ne vote pas parce que les candidats se valent. Ce sont tous des politiciens.
Une équation à deux variables
On ne vote pas aussi par ce qu’on n’a pas envie de se mêler à la politique et au jeu favori des politiciens et des marchands d’illusions. Ce risque de l’abstention existe et existera toujours dans un régime démocratique. Le phénomène de l’abstention peut être national ou circonscrit dans des localités spécifiques. Si le taux d’abstention est fort, cela devrait signifier a priori que les candidats- Présidents n’ont pas réellement convaincu de nombreux citoyens. Ni le candidat- Présidents sortant, ni les candidats- Présidents entrant n’ont évidemment un quelconque intérêt immédiat à un taux d’abstention élevé. Tous souhaitent un taux au moins acceptable.
Le fait de voter est une dimension capitale dans une élection présidentielle. Les électeurs ont trois choix majeurs : entre la continuité, l’alternance et le changement de régime. Trois options contradictoires. Le vote du premier tour dépend de l’intention première de l’électeur. L’électeur est entre le vote du choix personnel et le vote utile entre les favoris de la présidentielle. Les électeurs sont ainsi partagés entre deux choix, celui de voter pour son candidat ou voter utile entre deux candidats que l’on « aime » et susceptibles de gagner ou au plus de passer au second tour.
Les militants et les sympathisants d’un candidat- Président votent nécessairement pour le choix militant personnel. Chaque candidat- Président a ses électeurs. Par contre, les électeurs libres existent. Ils ne sont acquis à aucune mouvance politique d’un candidat en lice. Ces électeurs libres de leur choix votent assez souvent de manière utile. Ils ne sont prisonniers d’aucun camp. Cette dualité entre les électeurs partisans et les électeurs libres, non partisans, peut faire basculer le premier tour dans un sens ou dans l’autre.
La mouvance de ce scrutin qui sera victorieuse doit combiner harmonieusement le vote partisan à celui de l’écrasante majorité des électeurs, les non partisans. C’est une des conditions majeures de l’issue victorieuse de l’élection. Le vote au premier tour dépend du rapport de force du clivage électeurs partisans et électeurs non partisans. La conquête de cette dernière frange semble d’ailleurs justifier la campagne électorale elle-même, la première étant acquise d’emblée.
Ce rapport national va déterminer l’issue victorieuse au premier tour ou le nécessaire deuxième tour de l’élection. La victoire dès le premier, ou au second, dépend fortement du choix de la composante majoritaire des électeurs, les non partisans. L’enjeu des batailles des candidats- Président en direction des électeurs non partisans est toujours le centre d’intérêt stratégique d’une élection présidentielle.
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