LA VIOLENCE SOCIALE EN QUESTION
L’irruption des malades du sexe
La violence sociale revient de nouveau au-devant la scène médiatique. Elle prend de l’ampleur par sa progression rapide, par son impact psychologique et social. Les agresseurs du sexe font parler d’eux à Dakar et dans les régions de l’intérieur.
Tambacounda. Une ville paisible. Loin, très loin de Dakar. Les habitants de cette ville multiculturelle et multiethnique, de brassage de cultures et de langues sont encore sous le choc. Une jeune fille, Bineta Camara (voir Photo), est morte sous les coups d’une violente agression, chez elle, après une bataille sans merci contre son agresseur.
Ce scénario était quasi impensable à vivre, il y a quelques années, dans Tambacounda. Il y a quelques mois, juste quelques semaines avant la tenue de la présidentielle de février 2019, une femme fut sauvage agressée à Keur Massar. Elle décéda elle aussi.
On ne peut plus compter le nombre de décès de femmes agressées sauvagement au Sénégal. Les visages féminins des victimes de cette violence sociale rampante dans la capitale économique et politique, et dans les autres villes du Sénégal interrogent naturellement la conscience humaine.
Pourquoi tant de haine, de passions aveugles contre les femmes ? Pourquoi cette violence sociale se conjugue-t-elle dans plusieurs cas avec une mort inéluctable ? Cette terrible violence semble résulter de conflits personnels entre un ou des agresseurs et la victime. Il est difficile d’établir les causes ou l’origine immédiate de ces agressions à la fois sexuelles et sociales. Elles sont multiples et multiformes. Elles sont commises dans de nombreux cas par des personnes proches de la victime. Des agents de sécurité, des déménageurs, des jeunes du même quartier, petits ou grands délinquants, font partie des profils des agresseurs de ces dernières années.
La proximité entre l’agresseur et l’agressée est suffisamment frappante pour interroger ainsi les liens familiaux, les relations sociales conflictuelles. Ces morts programmées résultent d’une bagarre qui finit mal après un harcèlement sexuel, des viols dans des contextes d’isolement volontaire ou non de la victime. – Quels liens entre ces agressions sexuelles, sociales avec le mariage précoce, la pédophilie ? Ces problèmes de société mal abordés ou ignorés traduisent à bien des égards un malaise sexuel profond de la société sénégalaise. Tous ces agresseurs ont en commun d’être des jeunes à la recherche d’emploi stable et d’une relation sociale avec un partenaire. Ces agresseurs sont apparemment coupés de la cellule familiale, de l’environnement. La cellule familiale ne jouant plus son véritable rôle de cellule de conseils, d’encadrement et d’accompagnement du jeune dans son processus de maturation. La société est devenue très peu soucieuse de la situation de ceux qui éprouvent des difficultés de formation ou d’éducation sexuelle pour intégrer le tissu social, culturel et économique.
Elle est désormais soumise à la loi de la jungle. Et précisément, c’est cette violence de la société intériorisée qui reproduit cette violence à des échelles insoupçonnées. On tue froidement son ami, son frère, son collègue, son enseignant. Tuer ne fait plus peur aux jeunes. Les jeunes ont perdu la notion de responsabilité personnelle.
Tous ou presque ont choisi les raccourcis pour réussir dans la vie : la drogue, le banditisme, les relations personnelles au détriment de l’effort et de la persévérance. L’individu se sent de plus en plus à l’étroit dans sa famille, dans son quartier et dans sa ville. La pauvreté et l’absence de débouchés expliquent certains comportements individuels déviants. Les agressions sexuelles, les attaques armées multiformes pour accéder aux ressources sont en train de devenir la routine.
La femme sénégalaise est, dans ce contexte de déchaînement de la violence, de crise de la famille, des conflits interpersonnels, la cible privilégiée des malades et des marchands du sexe. Ce basculement du Sénégal dans la violence sociale et sexuelle aura des conséquences énormes sur la santé physique et mentale des jeunes filles et des femmes. Le gouvernement devrait mesurer l’ampleur grandissante de ce phénomène et envisager sa prise en charge par toute la société.
Mamadou Sy Albert
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