CONTRIBUTION N° 1
SÉNÉGAL : ZÉRO COUP D’ÉTAT, ZÉRO COUPE D’AFRIQUE
L’HISTOIRE DU SÉNÉGAL A LA COUPE D’AFRIQUE DES NATIONS DE FOOTBALL
EXTRAITS DU TOME 1 DU LIVRE « PRINCE-PREXIT » du Docteur Ciré DIENG ((Pages 83-88)
(…) nos performances (= OR0-AR1-BR0 = 2 points) et notre rang (20e / 20 CARRE-D’ASISTES) en CAN globalisée ou intégrée mathématiquement (avec COEFFICIENTS), fait partie de nos spécificités. Une spécificité singulière qu’on doit examiner, qu’on doit affronter plus sérieusement. Pour trouver la solution à notre football.
Sénégal : zéro coup d’État, zéro coupe d’Afrique. Un sort plus qu’enviable et un sort très cruel… Si, nous Sénégalais, sommes premiers ou champions d’Afrique en termes de démocratie, c’est surtout et principalement pour notre « zéro » en matière de coups d’État. En revanche, nous devrions, malgré notre savoir et notre fanatisme, rester discrets, humbles et modestes en matière de football. Notamment quant à la sempiternelle et subjective revendication du titre de favori en direction d’une phase finale de Coupe d’Afrique. N’avons-nous pas commis une erreur monumentale qui a consisté en la culture subjective de la notion de favori. De favori circonstanciel assaisonné de théorie. Pourquoi au moindre tirage au sort, les Sénégalais se déclarent-ils favoris ? Se basent-ils sur les derniers classements FIFA ? Ou sur le sommeil des autres équipes ? Ou sur le nombre de joueurs évoluant dans les championnats européens ? Ou sur l’efficience subite de nos attaquants devant les buts adversaires ? Ou sur l’efficacité subite de nos lions dans les tirs au but (penalties) ? Ou sur l’efficacité subite de nos gardiens dans les tirs au but (penalties) ? Ou sur des dirigeants devenus plus sérieux ? Ou sur des musiciens opportunistes ? Ou sur des talibés opportunistes et récupérateurs ?
Or, même si c’était le cas et malgré quelques rares exceptions, les chiffres prouvent que le fait d’être ce favori ponctuel ou ce favori circonstanciel ne pèse pas lourd par rapport à la qualité de favori naturel de certains de nos adversaires. Ou favoris-palmarès. Ou favoris historiques. Une étiquette objective qui colle scientifiquement à l’Égypte, au Cameroun, au Ghana, au Nigéria, à la Côte d’Ivoire… Respectivement, septuple, quintuple, quadruple, triple, double champion d’Afrique. Ainsi sur un match, on peut les battre, mais le problème se corse avec la moyenne de plusieurs matchs dans le temps…
C’est cette qualité (de favori naturel ou favori historique) palmarès-dépendante, qui fait amoindrir la probabilité pour que ces cinq sélections soient toutes mauvaises en même temps, la même édition, la même CAN. Or si elles ne le sont pas toutes, c’est le cas de figure le plus fréquent, il devient alors plus que probable que l’une d’elles prenne le dessus pour fermer la porte du succès aux autres, aux faibles en particulier. C’est cette subtile idée (de phases éliminatoires) qui a inspiré les dirigeants de l’UEFA la géniale formule actuelle de la ligue des champions. Une formule qui garantit immédiatement le succès pour attirer donc davantage de sponsors. Parce qu’à la chance épisodique ou épiphénoménale des petites équipes (Auxerre, Reims, Saint- Étienne, Monaco, Séville, Rome, Naples, Eindhoven, Steaua, Arsenal, Malmö, Bruges…), ils ont préféré voir se répéter ou se multiplier les spectaculaires et indécis chocs des grandes écuries, plusieurs fois sacrées. Réal-Madrid (11), Milan-AC (7), Bayen-Munich (5), Barça (5), Liverpool (5), Ajax-Amsterdam (4), Manchester-United (3), Inter (3), Juventus (2), Benfica (2), Porto (2)…
Le même raisonnement peut être appliqué à la Coupe du monde de la FIFA. Le football n’est certes qu’un jeu, mais si le favori ponctuel peut avoir des chances contre un favori-palmarès, ce n’est que très difficilement que cet exploit va se répéter et dans le temps et contre tous les autres favori-palmarès ou favoris historiques du tournoi. Ou de plusieurs tournois considérés. Or c’est cet enchainement qui conditionne la victoire finale. À- t-on dénombré les défaites des équipes africaines au Mondial avant 1982 ? Si l’Algérie a battu l’Allemagne en 1982 (en Espagne), combien de matchs de ce type (CAF-UEFA) aura-t-il fallu attendre pour voir le Maroc battre le Portugal ? Si le Maroc a battu le Portugal en 1986 (au Mexique), combien de matchs de ce type (CAF- UEFA) aura-t-il fallu attendre pour voir le Cameroun battre l’Argentine ? Si le Cameroun a battu l’Argentine en 1990 (en Italie), combien de matchs de ce type (CAF-UEFA) aura-t-il fallu attendre pour voir le Sénégal battre la France ? Pendant qu’on guette la prochaine victoire de l’une de nos sélections sur ce type d’équipe, l’analyste fin et pointu sait qu’un favori ponctuel ou favori circonstanciel ne pèse pas lourd par rapport à la qualité de favoris-palmarès ou favoris historiques qui colle objectivement au Brésil, à l’Italie, à l’Allemagne, à l’Argentine… Respectivement quintuple, quadruple, quadruple et double champion du monde.
Comme partout, lors de la phase finale des grands tournois, c’est la qualité de favori-palmarès ou favori- histoire qui additionnée ou “synergisée”, fait amoindrir la probabilité pour que ces quatre (4) fameuses sélections soient toutes mauvaises en même temps, lors de la même édition. Or si elles ne le sont pas toutes, c’est le cas de figure le plus fréquent, l’une d’elles finit par prendre le dessus pour fermer la porte du succès aux autres sélections. Et aux plus faibles en particulier.
Les chiffres du palmarès africain nous parlent en disant ceci : « le Sénégal est un grand pays, du point de vue de la connaissance du football, mais ce n’est pas un pays de grand football ». C’est-à-dire que nous aimons le foot, nous savons l’analyser, mais nous ne le pratiquons pas bien ou pas suffisamment efficacement. Nous ne le manageons surtout pas bien. Nous ne gérons pas le long terme, mais plutôt des campagnes. Parce que nous sommes trop navétanes. Il ne faut pas vivre pour un instant, mais pour une vie…
1970, 1974, 1978, 1982, 1986, 1990, 1994 et 1998. Entre 1970 et 1998, il y a eu huit (8) phases finales de Coupe du monde ouvertes aux sélections africaines auxquelles le Sénégal n’a pas participé. C’est un signe éloquent. À sa décharge, au début, il n’y avait, pour l’ensemble du continent, qu’une (1) place à prendre, puis deux (2), puis cinq (5)… Puis neuf (9) pour l’avenir.
- 1970 (1re) : 1 représentant africain sur 16 participants (1 / 16 = 6,25 %)
- 1974 (2e) : 1 représentant africain sur 16 participants (1 / 16 = 6,25 %)
- 1978 (3e) : 1 représentant africain sur 16 participants (1 / 16 = 6,25 %)
- 1982 (4e) : 2 représentants africains sur 24 participants (2 / 24 = 8,33 %)
- 1986 (5e) : 2 représentants africains sur 24 participants (2 / 24 = 8,33 %)
- 1990 (6e) : 2 représentants africains sur 24 participants (2 / 24 = 8,33 %)
- 1994 (7e) : 3 représentants africains sur 24 participants (3 / 24 = 12,50 %)
- 1998 (8e) : 5 représentants africains sur 32 participants (5 / 32 = 15,62 %)
- 2002 (9e) : 5 représentants africains sur 32 participants (5 / 32 = 15,62 %)
- 2006 (10e) : 5 représentants africains sur 32 participants (5 / 32 = 15,62 %)
- 2010 (11e) : 6 représentants africains sur 32 participants (6 / 32 = 18,75 %)
- 2014 (12e) : 5 représentants africains sur 32 participants (5 / 32 = 15,62 %)
- 2018 (13e) : 5 représentants africains sur 32 participants (5 / 32 = 15,62 %)
- 2022 (14e) : 5 représentants africains sur 32 participants (5 / 32 = 15,62 %)
Comme le démontre la courbe suivante, la part de l’Afrique en coupe du monde augmente, mais c’est en trompe-l’œil. Il faut en effet remarquer que, même avec ses six (6) représentants sur trente-deux (soit 18,75 %), un record, lors de la onzième (11e) édition en Afrique du Sud (qualifiée en tant que pays hôte en 2010), le continent était sous-doté ou sous-coté ou par rapport aux quatre (4) grosses autres entités concurrentes (Amérique du Nord, Amérique latine, Europe et Asie) ; l’Océanie comptant pour quantité négligeable. Autrement dit, du point de vue mathématique comme pour d’autres points de vue, contrairement à l’Europe (avec son taux de 43 %), pour gagner le trophée, les chances de l’Afrique sont extrêmement faibles et c’est pire lorsque le continent n’organise pas l’épreuve :
- 6,25 % : un (1) seul représentant africain sur 16 participants (1970 – 1974 – 1978)
- 8,33 % : rien que deux (2) représentants africains sur 24 participants (1982 – 1986 – 1990)
- 12,50 % : rien que trois (3) représentants africains sur 24 participants (1994)
- 15,63 % : rien que cinq (5) représentants africains sur 32 participants (1998 – 2002 – 2006 – 2014 – 2018)
La situation limite ou idéale (Y = 100 %) serait pour la sélection qui aurait participé à toutes les phases finales ouvertes pour les sélections du continent.
CDM
ÉVOLUTION DE LA PART DE L’AFRIQUE 20,00%
EN COUPE DU MONDE DEPUIS 1970
2010 (6 / 32) 18,75% 1998
2002
2006
2014
2018 18,00% 16,00%
(5 / 32)
(5 / 32)
(5 / 32)
(5 / 32)
(5 / 32) 15,63%
15,63%
15,63%
15,63%
15,63% 1994
14,00%
(3 / 24) 12,50% 12,00% 10,00%
1970
1982
1986
1990 (2 / 24)
(2 / 24)
(2 / 24) 1974
1978
8,33%
8,33%
8,33% 8,00%
(1 / 16)
(1 / 16)
(1 / 16) 6,25%
6,25%
6,25% 6,00% 4,00% 2,00% 0,00%
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
PAR %SEN PAR %CIV PAR %NIG PAR %GHA PAR %CAM EGY %EGY
1970 = 0 0,00% = 0 0,00% = 0 0,00% = 0 0,00% = 0 0,00% = 0 0,00% 1974 = 0 0,00% = 0 0,00% = 0 0,00% = 0 0,00% = 0 0,00% = 0 0,00% 1978 = 0 0,00% = 0 0,00% = 0 0,00% = 0 0,00% = 0 0,00% = 0 0,00% 1982 = 0 0,00% = 0 0,00% = 0 0,00% = 0 0,00% = 1 25,00% = 0 0,00% 1986 = 0 0,00% = 0 0,00% = 0 0,00% = 0 0,00% = 1 20,00% = 0 0,00%
1990 = 0 0,00% = 0 0,00% = 0 0,00% = 0 0,00% = 2 33,33% = 1 16,67% 1994 = 0 0,00% = 0 0,00% = 1 14,29% = 0 0,00% = 3 42,86% = 1 14,29% 1998 = 0 0,00% = 0 0,00% = 2 25,00% = 0 0,00% = 4 50,00% = 1 12,50% 2002 = 1 11,11% = 0 0,00% = 3 33,33% = 0 0,00% = 5 55,56% = 1 11,11% 2006 = 1 10,00% = 1 10,00% = 3 30,00% = 1 10,00% = 5 50,00% = 1 10,00% 2010 = 1 9,09% = 2 18,18% = 4 36,36% = 2 18,18% = 6 54,55% = 1 9,09% 2014 = 1 8,33% = 3 25,00% = 5 41,67% = 3 25,00% = 7 58,33% = 1 8,33% 2018 = 2 15,38% = 3 23,08% = 6 46,15% = 3 23,08% = 7 53,85% = 2 15,38%
Même sans assez de bagages mathématiques comme le concept d’aire sous la courbe, au-delà de la qualité de la participation de nos représentants, on comprend aisément que c’est le Cameroun et le Nigéria qui ont enchaîné le maximum de participations à la phase finale de la coupe du monde.
En ce qui concerne les lions du Sénégal, il aura fallu attendre l’édition coorganisée par la Corée du Sud et le Japon en 2002 (la 9e ouverte aux sélections africains) pour sortir du néant ou zéro et hisser le taux de fréquentation du Mondial à une (1) participation sur neuf (9) possibilités offertes. Soit 1 / 9 = 11,11 %.
- La non-qualification du Sénégal pour l’édition suivante (Allemagne – 2006), nous aura fait chuter du taux précédent de 11,11 % à celui d’une (1) participation sur dix (10) possibilités offertes. Soit 1 / 10 = 10 %.
- La non-qualification du Sénégal pour l’édition suivante (Afrique du Sud – 2010), nous aura fait chuter taux précédent de 10 % à celui d’une (1) participation sur onze (11) possibilités offertes. Soit 1 / 11 = 9,09 %.
- La non-qualification du Sénégal pour l’édition suivante (Brésil – 2014), nous aura fait chuter du taux précédent de 9,09 % à celui d’une (1) participation sur douze (12) possibilités offertes. Soit 1 / 12 = 8,33 %.
80,00%
AFRIQUE
60,00%
GHA
PARTICIPATION COUPE DU MONDE
50,00%55,56%50,00%54,55%58,33%53,85% 42,86%40,00%
CAM 33,33%EGY
20,00%
25,00%20,00%16,67%14,29%12,50%11,11%10,00%10,00% 18,18%9,09% 25,00%23,08% 15,38% 8,33%0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00%
0,00% 0,00% 0,00% 0,00%
0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00%
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 GHA 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 10,00% 18,18% 25,00% 23,08% CAM 0,00% 0,00% 0,00% 25,00% 20,00% 33,33% 42,86% 50,00% 55,56% 50,00% 54,55% 58,33% 53,85% EGY 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 16,67% 14,29% 12,50% 11,11% 10,00% 9,09% 8,33% 15,38%
50,00% 40,00%
AFRIQUE PARTICIPATION COUPE DU MONDE
41,67%46,15% 33,33%36,36%30,00%
SEN CIV 30,00%25,00%NIG 14,29%0,00%
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 SEN 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 11,11% 10,00% 9,09% 8,33% 15,38% CIV 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 10,00% 18,18% 25,00% 23,08% NIG 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 14,29% 25,00% 33,33% 30,00% 36,36% 41,67% 46,15% 25,00%23,08%
20,00%
18,18%10,00%0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00%
15,38%
10,00%
11,11%10,00% 9,09% 8,33%0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00%
0,00%
- Heureusement que le Sénégal s’est qualifié pour Russie – 2018, portant ainsi son score de 8,33 % au taux de deux (2) participations sur treize (13) possibilités offertes. Soit 2 / 13 = 15,38 %. Une non- qualification nous aurait fait chuter du taux précédent de 8,33 % à celui d’une (1) participation sur treize (13) possibilités offertes. Soit 1 / 13 = 7,69 %.
Il est évident que l’agrégat synthétique virtuel, mais réaliste, coupe du monde + coupe d’Afrique (CDM + CAN) qui intègrerait le classement global CAN et le score coupe du monde ne nous aurait pas bien classés même par rapport à nos adversaires continentaux. C’est ici qu’il faut alors rappeler que pour le résultat final d’un match de football et conséquemment, pour le comportement global dans le cadre d’un tournoi, c’est la différence favorable du nombre de buts plantés qui compte et non les pompeuses déclarations d’avant-match, les beaux dribles, les belles feintes, les amortis de poitrine, les talonnades, les ailes de pigeon, les jeux-sans- ballon ou le nom des clubs dans lesquels évoluent tels et/ou tels joueurs…
Il ressort de cette analyse que, participer à la coupe du monde est une bonne chose. C’est bien beau, c’est même prestigieux, mais quelles sont les chances réelles pour la gagner avec tous ces favoris qui travaillent sans répits ? Ne ferions-nous pas mieux de viser plutôt le trophée continental, la coupe d’Afrique des nations (CAN) ? Ayons l’humilité d’aller apprendre, en Côte d’Ivoire (deux titres), au Nigéria (trois titres), au Ghana (quatre titres), au Cameroun (cinq titres) ou en Égypte (sept titres), comment gagner la CAN. Au bout de trente et une (31) éditions, il est temps de gagner, serait-ce une fois. D’autant plus que c’est en même temps une clé pour retourner souvent en coupe du monde, du fait d’une certaine protection lors des différents tirages au sort…
Par le Docteur Ciré DIENG
À SUIVRE …
Votre Contribution
IMPORTANT ! Nous ouvrons ci-dessous un espace d'expression pour nos lecteurs destiné à accueillir leurs avis et commentaires argumentés sur les questions d'actualité ou sujets de débats publics. Nous prions ceux qui souhaitent s'exprimer ici de le faire dans la courtoisie et le respect d'autrui, même en cas de différence de point de vue. La rédaction de psknews se réserve le droit d'accepter ou de refuser les textes proposés.