Dans son adresse de lundi dernier aux Français, 13 avril, Émanuel Macron, semble-t-il, a fait
son meilleur discours depuis le début la crise. Un discours trés franco-français, comme c’était
normal et comme l’on s’y attendait, où s’est invitèe une parenthèse, comme un cheveux dans
la soupe cette fois : son soutien à l’annulation de la dette des pays africains, que le président
Macky Sall avait été le premier à demander.
Le FMI et la Banque Mondale avaient d’emblée écarté l’idée, pour envisager plutôt une
suspension, un report du service de la dette. Les deux bras armées financiers du système
économique dominant ultralibéral, avaient ainsi donné le ton. Il apparaissait dès lors évident
que la doctrine sur cette question était ainsi arrêtée : pas d’effacement de la dette. Et pour faire
bonne mesure, de ce report, lui-même, notre pays fut exclu, qui obtint cependant une sucette,
266 millards de francs Cfa, en procédure de décaissement rapide, je le dis ainsi, parce que le
jargon économique du communiqué du FMI est long et compliqué.
Ce n’est pas un emprunt qui viendrait alourdir le service de la dette du Sénégal, mais ce n’est
pas un cadeau non plus. Cette somme représente l’exacte mise de notre pays pour être partie
au FMI. Sa “quote-part” dit le communiqué du Fmi qui donc, nous prête notre propre argent, en
quelque sorte, pour compenser notre frustration de voir notre requête pour l’effacement pure et
simple refusée.
C’était donc clair que, dès lors, ni pour la dette publique, ni pour la privée, malgré le soutien du
Pape, qui avait dû faire chaud au coeur au président Sall, on n’aurait plus gain de cause nulle part
devant quelque créancier.
Et c’est là que M. Macron s’amuse à nos depens en annonçant soutenir la demande d’annulation
de la dette africaine. Il faut assurément que cette France arrête de nous prendre pour des
enfants. Parce que mercredi 15, 48 heures seulement après cette bonne nouvelle du soutien de
la France à la demande sénégalaise, le G20, au sein duquel la France ne joue pas les derniers
rôles, faisait connaître officiellement sa position, qui était que le service de la dette publique ne
sera pas annulée, mais suspendu, reporté. L’exacte position du FMI et de la BM.
Il veut donc nous faire croire, M. Macron, que deux jours avant la divulgation officielle de la
position du G20 sur cette question, le président de la Grande France ne savait pas !
Je crois qu’il vaut mieux parler d’autre-chose pour ne pas mourir de rire devant la grosseur de
la ficelle : “voyez comme je suis l’ami de l’Afrique moi qui souscrit à votre requête !”. Il devait rire
sous cape en disant cela, mais passons…
D’autant plus que nous avons vraiment assez à faire. Et quoique dans l’urgence, nous devons le
faire avec patience et intelligence – impérativement – , pour préserver la cohésion nécessaire au
combat contre ce Covid19 effrayant et imprévisible. Une mobilisation nationale consensuelle,
aux contraintes acceptées par tous, et que les décisions prises par les autorités dès que nous
avons été concernés avaient obtenues. Mais sur quoi, cette histoire pour le moins floue du
marché du transport des denrées de la solidarité a écornée. Espérons que c’était là le premier
et dernier couac de cette belle opération de soutien aux plus démunis dans ces moments
incertains.
Mieux vaut tard que jamais ! En nommant ce général, François Ndiaye à la tête du Comité de
gestion de la Force Covide19, le chef de l’Etat veut sûrement limiter les dégats à cela seulement.
C’est très important qu’il en soit ainsi pour la suite du combat.