Une plume …
Sabaru Jinne : Les TAM-TAMS DU DIABLE Ceci est la première note critique parue dans la presse sur le roman, peu avant sa présentation au public et sa sortie en librairie (NOTE DE LECTURE. Sud Quotidien) Par Vieux SAVANE “Gentina“, “Le Bodega“, “La Taverne et autres noms de lieux festifs qui sonnent comme un univers perdu, faisant un clin d’œil à un passé qui semblait pris dans d’infernaux tourbillons. Une drôle de rencontre tissée autour de Mbissane Sene, une femme belle et rebelle, ayant très tôt jeté son dévolu sur Talla, un petit garçon pour lequel elle nourrissait un amour maternel débordant sur des caresses ambigües. Ce sont autant d’histoires qui traversent “Sabaru Jinne”, l’ouvrage du journaliste-écrivain Pape Samba Kane. Elles déroulent les rêveries d’un enfant du siècle transporté par l’esprit rastafari, hippie et autres vagabondages marqués par les utopies et les postures bardées de la marginalité de ceux qui, tout en étant titillés par une irrépressible soif de savoir et un obsédant désir d’écriture, s’échinaient à vouloir défricher le terrain d’une aube nouvelle. Aussi l’ouvrage nous balade-t-il dans la Médina, le Plateau et la banlieue proche de Dakar, avec des échappées à Yenn, St-Louis, restituant au passage une atmosphère d’époque : celle des errances, des intellectualités extraverties. Il y fleure bon la nostalgie avec l’évocation des chapardages, des films cultes, des échanges philosophiques, des plages et leurs palourdes revendues aux femmes du quartier pour organiser la nuit venue des “bals poussière”. Dans ces espaces récréatifs emplis par la voix de vedettes du Rythm‘n Blues tels Otis Redding, Etta James, l’on éteignait la lumière, comme une invite à des étreintes volcaniques. A travers les figures de Talla, Massata, par lesquelles la mémoire de l’auteur rapporte les fagots de ses souvenirs, on est titillé par des bonheurs d’enfants qui évoquent les grandeurs d’une époque plongée dans l’absence : le train qui ne siffle plus faute de rails, la Médina défigurée par les nombreux immeubles qui ont fini par détruire une identité patrimoniale qui se lisait à travers “l’esthétique des maisons aux toitures en tuiles rouges fabriquées par des manufactures marseillaises”. On y parle aussi de cinéma avec Paolo Pasolini, “Sacco et Vanzetti”, de musique avec Bob Dylan, Cat Stevens, les Beatles, Bob Marley, “des curiosités littéraires vers Bakounine, Proudhon et quelques autres figures du mouvement libertaire”. Nostalgie encore autour d’une période foisonnante et rayonnante, où divers noms ont contribué à produire une culture sénégalaise féconde. Des références qui racontent ainsi le spleen d’une jeunesse qui voulait s’en sortir, faire quelque chose et qui s’abimait malgré tout dans l’alcool, la drogue, les rencontres improbables. C’était l’époque où “l’on s’adonnait à la fumette de cigarettes interdites, à la beuverie, à la course aux filles”, sous l‘emprise des “rêves effrontés, des utopies arrogantes”. Des années plus tard l’inéluctable métamorphose avait fini par prendre ses quartiers. S’étant désormais envolés, les plaisirs insouciants d’une jeunesse perdue se retrouvent pris dans les méandres des heures de prière, l’anxiété de n’avoir pas porté assez d’attention au ciel qui, au vu du temps qui passe et des visages visités par la vieillesse, donne l’impression d’attendre tranquillement son heure. Il […]
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